10 Août | San Martino | J19

Ville de départ : Leon
Ville d’arrivée : San Martino
Distance parcourue 25 km
Durée totale : 6 heures

Distance totale : 500 km

Nous avons passé une soirée délicieuse dans la « chaotique » Leon. Nous étions au ralenti. Nous avons festoyé comme jamais, un repas très gourmet et qui restera dans nos bons souvenirs. A cela nous avons ajouté une bonne bouteille de Rioja. Un régal.

La nuit dans le grand dortoir de Leon fut entrecoupée par un ensemble dense de ronflements, de moustiques et par une chaleur très forte. Le réveil fut spectaculaire, à 5 heures 20. Deux arabes dormaient à côté de nous, sous un très grand portrait de Jean-Paul II. Leur réveil n’était autre que l’appel à la prière musulman… qu’ils ont laissé chanter jusqu’à réveiller tout le dortoir. Ont suivi les italiens, nombreux, qui de 5 heures 30 à 6 heures 30 ont fait un raffut, parlant sans retenue.

La journée fut, à mon sens, la plus difficile de toute notre aventure, Pyrénées comprises. Nous avons longé la nationale toute la journée Dans un vacarme assourdissant et dans une pollution importante. Les paysages urbains sont désolants. Les villages sont fantomatiques et s’établissent désormais autour d’une ou plusieurs stations-service. Il n’est plus nécessaire d’y chercher l’église ou la place centrale. Il n’y a qu’une station essence et des colonies de poids lourds. Les mesetas et les villages oasis nous manquent !

Nous avons donc fui la ville dans laquelle nous pensions dormir. Nous nous sommes installés dans la ville suivante, configurée de la même façon, au bord de la nationale où les poids lourds passent à 70/90 kilomètres par heure (en cœur de ville, et plutôt autour de 130 hors agglomération). Après une « bonne » douche tiède au goutte à goutte nous avons fait une sieste. Au réveil, nous avons dû saluer le retour en force des chinchas ! Allan en a le bras dévoré. Il a le regard vague.

Nous avons été dans le village acheter le nécessaire pour cuisiner dans une tienda imposée par l’auberge afin d’obtenir le droit d’utiliser leur cuisine… Quelque chose de sommaire, de simple. Des pâtes. Au retour, la grosse aubergiste nous indique la cuisine et nous prévient que la plaque ne fonctionne pas. Pas moyen de cuisiner donc. Pas moyen de manger non plus sauf à payer à l’aubergiste 9 euros pour un menu annoncé en gros sur sa porte à 7 euros. Ce soir, nous sommes touristes ! Nous allons donc manger nos doigts et patienter jusqu’à demain. Des nuées de mouches nous assaillent et les murs de l’auberge vibrent à chaque passage de camion, soit approximativement toutes les trois secondes.

Je vous écris mais le wifi annoncé comme l’atout de l’auberge ne fonctionne pas. Voila donc trois jours que nous marchons entre la nationale et l’autoroute, et 25 kilomètres que nous marchons sur le bas-côté de la nationale, à moins de deux mètres des véhicules. Aujourd’hui nous avons fait le chemin en pensant aux jours prochains.

Je cherche les points positifs à cette journée. Je réfléchis, lève le nez et cherche. A côté de nous un groupe d’allemands vocifère et s’esclaffe. Les regards qu’il nous adresse sont frigorifiés. De l’autre côté des cyclistes espagnols nous fusillent parce que nous occupons les lits inférieurs et les obligeons à occuper les lits supérieurs. Il faudra à l’occasion que je vous parle des cyclistes. Il y a tant à dire, notamment sur le principe de castes…

Je cherche donc un point positif à la journée. J’ai une mouche qui se pose sur la cornée de mon œil ! Je cherche. Mes jambes me démangent. Peut-être des chinchas, je n’ose pas regarder. La bière est tiède. J’ai faim. Les allemands hurlent (on se croirait dans la liste de Schindler ou Anne Franck !)… Je cherche, je lève le nez… Je vois Allan s’agiter comme un cheval fatigué pour faire fuir les mouches. Je pense qu’il a un coup de soleil en plus. Je cherche… Un point positif… J’ai faim mais je cherche en vain.

Ah si… Je vois. Je nous vois, tous les deux, assis au bord d’une route frénétique, à boire une bière chaude en regardant passer les poids lourds, en se grattant de partout… Je nous vois et le voilà le point positif. Nous sommes en plein milieu d’un film drôle. Nous sommes affamés, dans un bouge infecté de chinchas, alors que nous pourrions profiter de vacances en Corse ou à l’océan. Voilà le point positif. C’est que nous sommes loin de tout ça, c’est que nous sommes ici, quelle que soit l’improbabilité de la chose. Nous sommes tous les deux, et notre équipe n’a jamais été aussi forte qu’à ce moment précis, ce qui n’empêche toutefois pas Allan de m’adresser de grandes baffes en espérant faire fuir les mouches. Le point positif, c’est que nous sommes heureux, amoureux, et que nous sommes pile à l’endroit où nous avons voulu être !

Nous vous aimons fort.

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