17 Août | Hospital de la Cruz | J26

Nous avons aujourd’hui voyagé en plein fantasme. Nous avons traversé une Galice très rurale, embrumée, faite de très petits villages au milieu desquels serpente un sentier ombragé par de très vieux et très gros chênes, dont certains nous racontent des histoires vieilles de plusieurs siècles. Les villages, ici, sont différents de ceux de la Castille, du Leon ou de l’Est de la Galice. Ils sont constitués de deux à cinq bâtisses tout au plus. Deux  servent en général d’habitations, les autres servent d’étables et de garages à tracteur. Nous y trouvons également les greniers typiques de la région, surélevés, semblables à nos crips à maïs, mais faits de pierre ici. Les villages comptent évidemment plus de vaches que d’habitants. Et en bordure de chacun d’eux nous trouvons un vaste potager où il pousse de tout.

Une très très belle ballade donc, dans un espace enchanté. C’est également cette étape qui a vu arriver les Blancs Mollets, par convois entiers. Il s’agit de ces pèlerins des derniers kilomètres, chargés de choses improbables, sentant très bon, paraissant très propres, très apprêtés, maquillés, coiffés et habillés très élégamment. Les sentiers sentent fort les magasins de sport et les vêtements brillent mettant bien en valeur des mollets laiteux.

C’est d’ailleurs sans doute l’un de ces « pèlerins » qui nous a causé bien des soucis aujourd’hui. Nous voulions faire une photo de nous deux et avons demandé à quelqu’un de la faire avec notre appareil. Notre manque de vigilance nous a coûté l’appareil. A peine étions nous partis à la poursuite du voleur qu’un complice était en train de nous prendre nos sacs. Allan a réussi à récupérer le mien, non sans mal. Il est tombé sur une pierre et s’est ouvert la jambe sur bien douze centimètres. Notre journée s’est donc poursuivie à la clinique de Portomarin où Allan s’est fait recoudre et à la Guardia Civil pour moi où j’ai dû faire une déclaration de vol après avoir attendu très longtemps. Des dizaines de pèlerins semblaient avoir suivi le même sort que nous. Ce soir, n’ayant plus ni papier ni crédenciales, nous sommes contraints à dormir à l’hôtel très cher. Heureusement que j’avais ma carte bleue dans la poche ! Je ne peux malheureusement pas en dire autant de mon téléphone qui doit à présent faire un heureux. A cause de la blessure d’Allan, je pense que nous allons devoir rentrer sans aller au bout de notre aventure…

Enfin… Voici un scénario qui saura faire son effet chez l’un d’entre vous j’imagine. La vérité c’est que nous avons passé une journée formidable dans un univers fabuleux, que nous avons très simplement doublé tous les Blancs Mollets bruyants et fatigués, afin de nous trouver dans une étape intermédiaire, dans un village fait d’un bar restaurant, d’une auberge de pèlerins et d’un marchand de tracteurs. Très peu de Blancs Mollets dans le coin. Nous comptons nos kilomètres restant avant Santiago afin d’organiser nos prochaines journées. Il nous en resterait approximativement 80 que nous pourrions découper en trois jours.

Le terme de notre voyage approche et tout nous y fait penser autour de nous. Tous les Blancs Mollets s’acharnent au téléphone pour réserver des chambres pour les prochains jours. Pour la semaine entière, tous les hôtels sont complets jusqu’à Santiago. Alors c’est la panique et la chair de poule envahit la chair cotonneuse de nos chers Mollets Blancs. C’est avec une certaine dose d’angoisse que l’une d’entre eux est actuellement en train de s’épiler les sourcils à côté de moi. Deux autres s’échangent du mascara tandis qu’une autre rajuste ses talons…

Alors nous pensons à l’après, au jour où nous quitterons ces Blancs Mollets qui laissent derrière eux des traînées d’emballages de compeed, d’Hansaplast, de parfums et de serviettes hygiéniques usagées (véritablement). Pour retarder un peu ce moment nous irons jusqu’au cap Finisterre, au Bout du Monde, à pieds. Allan veut voir la fin du chemin qui aboutit à un rocher sur lequel claquent les vagues furieuses de l’Atlantique. Moi, j’ai acheté hier de nouvelles chaussures dans lesquelles je me sens plutôt bien.

Pas de craintes ou d’angoisses à avoir sur les délais que nous respecterons (peut-être) pour être à temps voulu à Irun, sur le risque de marcher avec des chaussures neuves, sur le risque de vols, d’agression ou de violences. Allan et moi ne sommes pas de Blancs Mollets et l’usure de nos vêtements ainsi que l’odeur qui nous accompagne et la nuée de mouches avec nous rendent totalement hors de portée de ces prétendus détrousseurs. Quant aux chinchas, nous leur avons définitivement fait un sort. Même les œufs n’ont pas résisté. Nous n’avons a déploré que quelques sept piqures de moustiques tigres qui ont sacrément endommagé le mollet gauche d’Allan.

Notre aventure va bon train, et tout va bien par ici ! Nous vous embrassons.

Ville de départ : Sarria
Ville d’arrivée : Hospital de la Cruz
Distance parcourue : 34,5 km
Durée totale : 8 heures 30

Distance totale : 728,5 km

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