23 Août | Fistera | J32

Ville de départ : Hospital
Ville d’arrivée : Cabo Fistera
Distance parcourue : 29,9 km
Durée totale : 6 heures

Distance totale : 899 km

Voilà, nous y sommes, au bout du monde. Cette ultime étape, que nos plans nous annonçaient comme douce, tranquille, sans difficultés, s’est avérée la journée la plus extraordinaire, la plus incroyable, tout autant que la plus difficile et la plus fantastique de notre aventure. Nous avons réellement pris cette journée comme un cadeau de fin d’aventure.

Après un départ tranquille d’Hospital, nous avons marché deux à trois heures dans la solitude la plus totale, à travers forêts et petites pâtures. Nous avons croisé deux ermitages, puis enfin, tant attendu, l’océan, qui sort de terre, à l’issue d’un col. L’océan que nous distinguons progressivement à travers les nuages qui nous entourent. L’océan que nous reconnaissons aux petites taches blanches d’écume. Un moment de grâce à nul autre pareil sur tout ce chemin.

Quelques minutes plus tard, la pluie a commencé à tomber, allant crescendo. Nous avons pu nous suffire de notre tenue de pluie durant bien une heure. Nous avons traversé Corcubion où nous avons retrouvé un couple de belges, rencontrés pour la première fois le 24 juillet. La femme, très gentiment, nous confie avoir espéré un temps plus clément pour finir ce périple entamé, pour elle, depuis 1900 kilomètres. A peine avait-elle dit cela, déçue par la brume ambiante, qu’une pluie plus importante s’est mise en travers de notre route. De cette pluie est advenue une averse importante, alors que nous longions l’océan avec son port et ses mouettes. « Un temps de picard » me confie Allan. Nous poursuivons, la pluie s’intensifie. Nos pantalons commencent à être très humides. Le vent se lève et la pluie s’intensifie encore. Nous devons renoncer à l’appareil photo et nous armons de nos polaires car le froid nous saisit. Quelque minutes plus tard nous dépassons Corcubion et commençons l’ascension d’une des dernières montées. Mais en quelques minutes la route que nous grimpons se recouvre d’eau. D’une petite rivière nous arrivons à un torrent dont il s’agit de remonter le cours. La pluie tombe de plus en plus. Notre pantalon est complètement trempé et sous notre vêtement de pluie l’eau s’infiltre. Notre chemin longe ensuite une route à travers un village où les voitures foncent à plus de 90 kilomètres heure, faisant dans les flaques des geysers qui n’arrangent pas nos affaires. Le vent, de plus en plus fort nous envoie en plein visage l’eau qui nous glace.

Il s’agit désormais d’un déluge. Les flaques que nous évitions recouvrent à présent tout le chemin qui devient une rivière. Nous avons les chaussures sous l’eau. Le vent tourbillonne et fait craquer les arbres qui menacent autour de nous. Allan se ravise. Il ne s’agit plus d’un temps de picard mais d’une véritable tempête, inédite. Les gouttes d’eau deviennent des rasoirs qui nous griffent le visage.

Jamais nous n’avons vu, Allan comme moi, les éléments aussi déchaînés. A certains moments nous avons même cru pouvoir nous envoler. Le reste de la journée s’est passé dans une lutte contre le vent qui nous poussait en arrière, nous et nos kilos supplémentaires de chaussures et de vêtements mouillés. A notre passage des terrasses de café s’envolaient, des stores s’arrachaient. La mer, que nous ne cessions de longer, devenait enragée.

Les derniers kilomètres étaient réellement les plus hallucinants, la pluie ne cessant de redoubler de vigueur. Les plaques d’égouts débordaient, les voitures s’arrêtaient sur les bas-côtés. Les arbres pliaient, et nous, nous avancions, ivres de cette folie des éléments. Arrivés à Fistera, nous empruntions des rues comme des torrents, glissions à droite, à gauche, comme si nous nagions.

Une fois arrivés à notre auberge, la pluie s’est subitement arrêtée, comme le vent, et le soleil s’est mis à tout réchauffer, comme par enchantement. Une journée vraiment hallucinante. Des souvenirs impérissables, des frissons également.

Nous avons ensuite été au bout du Cap, où nous attendait un vent d’une puissance extrême. Il nous suffisait d’ouvrir les bras pour nous sentir décoller. Là encore nous avons pu nous fondre dans la fureur des éléments. Après cela, encore de la pluie, du soleil et enfin un arc en ciel entier sous lequel nous sommes passés.

A notre retour, Eric, notre ami, nous interpelle dans un bar. Nous avons fini la soirée avec lui à parler, manger, boire et refaire le monde.

Il est tard et notre nuit nous attend, sans réveil, sans sac à dos, sans plus de contraintes. Nous craignons un peu cela tout en l’espérant. Notre voyage est terminé. Nous rentrons. En rentrant du cap, nous avons déjà eu l’impression de faire pour la première fois demi-tour.

Notre aventure prend donc fin ce trente deuxième jour, épique, incroyable et formidable.

Nous sommes heureux d’avoir relié les Pyrénées à l’océan, et nous sommes également heureux de rentrer.

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