7 Août | Teradillos de los Templarios | J 16

Ville de départ : Carrion de los Condes
Ville d’arrivée : Teradillos de los Ttemplarios
Distance parcourue :27,5 km
Durée totale : 6 heures

Distance totale : 406 km

Nous sommes au milieu du chemin. Nous avons parcouru presque 400 kilomètres et il nous en reste autant. Le linge est propre et sèche. Nous devrions normalement ne plus avoir à craindre les chinchas. L’appréhension demeure.

Nous avons parcouru un peu plus de 26 kilomètres aujourd’hui, sans virage, sur la Via Aquitania, voie romaine reliant Bordeaux à Astorga. Le pragmatisme romain antique donne la nausée à certain par son côté plat et rectiligne. Il enivre d’autres personnes. J’y trouve pour ma part une certaine poésie. Ce qui est sûr c’est que cette partie ne comporte aucune réelle difficulté. Nous aurions eu du linge de change et aurions été totalement opérationnels, nous aurions sans doute poursuivi le chemin comme l’a fait Georges qui se retrouve à quelques kilomètres devant nous. Mais il nous fallait encore laver tout le linge gazé hier.

L’auberge est agréable, confortable et nous pouvons nous y désaltérer. Allan se repose et je partage dans le jardin une table avec un rossignol qui se grignote une cacahuète. Nous sommes bien tous les deux. Le sommeil me guette également. Peut-être aujourd’hui je prendrai le temps, après une petite sieste, de bouquiner à l’ombre, sur l’herbe. Si j’en ai le temps car nos journées sont très complètes, malgré l’idée qu’on pourrait s’en faire. Si nous marchons à 5 km/h le matin, l’après-midi nous avançons à pas très très lents. Nous prenons une ou deux bières, mangeons, discutons, lavons le linge et l’étendons, organisons notre journée du lendemain, échangeons sur la journée passée, rédigeons quelques mots que vous lisez, préparons les photos… A ce moment-là il y a toujours une connaissance qui passe. Nous bavardons ensemble, et bien souvent nous prolongeons ces rencontres durant le repas car nous mangeons vers 19 heures. Il nous faut alors préparer le sac du lendemain pour pouvoir nous extirper de l’auberge en toute discrétion dès que le réveil sonne. Et enfin nous allons nous coucher, sans parfois avoir pris le temps d’une lecture ou d’une partie de dés.

Leon s’approche. A priori trois jours de marche nous en séparent. Nous commençons à voir sur les routes des panneaux indiquant sa direction suivie d’un nombre de kilomètres.

La chaleur douce, les gazouillis des oiseaux et la fatigue me ferment les yeux. Je vais aller retrouver Allan pour récupérer un peu. Ce que je voulais dire, en fait, c’est qu’ici, la vie est douce !

[sieste]

Après la sieste, avec nos petons endoloris nous décidons de partir visiter la ville de Teradillos de los Templarios. Le village est semblable à beaucoup de ceux que nous avons traversés. Une Calle Mayor qui dessert les trois lieux systématiques : l’Eglise, toujours au centre, et de manière alternative, à l’entrée ou à la sortie du village, le cimetière et le pèse-remorque. Tous les villages des Mesetas sont ainsi. Autour, nous n’avons que quelques maisons, faites d’adobe et de paille. La plupart son effondrées. Nous avons également et toujours systématiquement une maison importante, cosue, faite de pierre ou de brique, dans chaque village. Avec Allan nous l’appelons « la maison du maire ». Il s’agit en général de la seule maison sans fissures, avec une jardinière de fleurs. Et enfin, parfois, on trouve un bâtiment public. Dans un village il s’agissait d’une sorte de mairie où l’on pratiquait le traitement des chiens contre la rage. Dans le village où nous sommes actuellement, il s’agit du bureau de contrôle technique des tracteurs. Ces bâtiments possèdent à côté de la porte un emplacement d’affichage informatif.

A plusieurs reprises et dans plusieurs villages que nous traversons j’ai le souvenir de villages traversés au Pérou ou en Bolivie sur l’Alti Plano. Parfois certaines rues ressemblent à celles que je vois en souvenirs sur de vieux clichés d’Afrique de mes parents des années 70.

Je suis sur la terrasse de l’auberge, à contempler cet espace improbable bordé par le désert de blé. Avec Allan nous avons cherché des habitants, des sons, des signes de vie. Nous n’avons trouvé qu’un vieil homme, assis, immobile, à l’ombre d’un transformateur électrique, qui ne s’est levé que quelques heures plus tard au passage d’un troupeau de moutons avant de se rasseoir.

Le vent se lève de plus en plus. Tout s’envole et je dois écrire d’une main pour tenir le reste de l’autre ! Même l’ordinateur manque de s’envoler ! Au-dessus de moi claque un drapeau espagnol. Derrière moi celui de l’ordre de Malte, qui nous est si cher avec Allan depuis l’île de Malte. A nos pieds il y a « Tête Large » et sa copine, un rossignol et un moineau qui font le ménage de nos miettes et nous donnent de quoi sourire. Nous sommes en charmante compagnie.

Nous vous embrassons.

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