9 Août | Leon | J18

Léon. Nous avions compté deux jours pour y parvenir, pour quitter les Mesetas. Mais les 40 kilomètres qui nous séparaient de Léon étaient véritablement inhospitaliers. Sans doute les photos d’Allan vous en donneront un aperçu.
Depuis hier nous longeons une route, ponctuée de quelque rares virages. Nous avons dû probablement avoir trois virages en deux jours. Cette route longeait elle-même l’autoroute reliant Burgos à Leon. C’est cette dernière que nous avons ensuite longée. Notre destination estimée pour ce soir était une ville assise sur la nationale. Un enfer urbain digne d’un film ! Une ville en deux dimensions à l’intérieure de laquelle des voitures américaines foncent à 90 kilomètres/heure. De chaque côté de cette route semblent s’établir deux villes, avec leurs commerces, leurs terrasses de café, leurs commerces, chaque partie étant cruellement distincte de celle qui lui fait face. Rester dans cette ville nous aurait contraints à faire sécher nos caleçons en les épinglant à la glissière de sécurité de l’autoroute.

Nous en avions d’ailleurs la gorge irritée. C’est donc presque par instinct de survie que nous avons fui cette agitation insensée pour aller nous réfugier à Leon, ville totalement dormante. Nous avons dû sans exagérer traverser la ville une bonne heure avant d’y trouver âme qui vive. La sieste semble y être plus qu’ailleurs sacrée. Nous nous sommes ensuite perdus et avons fait de nombreuses fois le tour d’un quartier très huppé avant de reconnaître que nous étions perdus. Nous avons sollicité l’aide d’un policier qui nous a plus induit en erreur, puis l’aide d’une citadine à qui mon espagnol a donné quelques frissons. J’ai bien cru qu’elle allait sortir une bombe lacrymogène de son sac en le serrant aussi fort contre elle.

Nous avons fini par retrouver, dans ce dédale de rues chaotiques, l’auberge dans laquelle j’avais déjà dormi il y a six ans, les pieds un peu mâchés. La ville se réveille doucement. Très doucement. Elle n’a rien à voir avec Burgos. La vie y semble plus  douce, plus chaleureuse. Le tourisme y est sans doute moins fort. Nous ignorons encore si nous y resterons demain comme nous l’avions prévu. Il semble y avoir tant de chose à voir. Mais le chemin nous dévore ! Nous sommes devenus de vrais nomades et faisons presque machinalement nos sacs impeccablement à 5 heures chaque matin, tout comme nous nous préparons un nid douillet chaque jour  à 16 heures. Que l’endroit soit bien ou désagréable, nous le faisons nôtre pour quelques heures. Pour quelques heures nous vivons au rythme des gens qui nous accueillent. Mais au bout de quelques heures nous devons partir, changer de camp, sans regret de quitter quoi que ce soit ou qui que ce soit car nous ne quittons rien, nous allons vers l’avant, vers l’océan. Ainsi nous avons quitté Georges avec qui nous avons encore passé une belle soirée hier, qui nous a invités à manger, et qui doit ce soir se trouver dix, quinze ou vingt kilomètres derrière nous. Les raisons qui le poussent à avancer sont si fortes que nous ne doutons pas qu’il nous rattrape.

Demain nous entamerons la dernière partie du Camino. La Galice, son climat océanique, ses forêts d’eucalyptus et ses pâturages nous attendent. Pour les avoir quittées aujourd’hui, nous pouvons dire combien les Mesetas furent riches d’enseignement. La patience, d’une part, mais surtout l’humilité.

Nous sommes ce soir très heureux d’avoir pu trouver un refuge où nous allons pouvoir nous détendre, nous qui sommes de vrais citadins, bien que les entrées dans les villes soient à chaque fois des chocs assez brutaux. Demain, si nous ne restons pas à Léon, nous ferons probablement une toute petite étape pour pouvoir nous reposer et trouver une auberge tranquille, isolée, pour retrouver le silence et les grands espaces.

Durant les mesetas, nous avons beaucoup pensé à vous tous. Nous vous embrassons fort.

Ville de départ : El Burgo Ranero
Ville d’arrivée : Leon
Distance parcourue 37 km
Durée totale : 7 heures 30

Distance totale : 474,5 km

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