Ville de départ : Agès
Ville d’arrivée : Burgos
Distance parcourue : 25 km
Durée totale : 7 heures
Distance totale : 292,5 km
Burgos. Il est 17h35 et la ville se réveille tout doucement. Les terrasses se remplissent, les gens remplissent les rues, mais malgré cette petite agitation urbaine, le calme est assez présent ici. Nous avons marché seulement 23 kilomètres aujourd’hui, en partant d’Agès. Nous l’avions décidé hier matin et peut-être avions nous prémédité la soirée d’hier. Celle-ci a été formidable, conviviale et festive. Le petit village d’Agès restera un endroit à recommander et nous laissera le souvenir d’amis d’un bon repas et d’une longue soirée arrosée. Eric, Georges, Hannah, Harald, Ralph, Artur, Corinne, l’australien, Laura, Marie, etc… Nous tous à la table de José Luis, des instants, de belles rencontres. Nous avons parlé français, allemand, anglais, espagnol, polonais. Au réveil, nous parlions encore dans une langue nouvelle.
Ce soir nous nous offrirons le confort d’un restaurant, avec la satisfaction, sur cette première partie, d’avoir gagné deux jours sur les étapes « recommandées » par les guides. Ces deux jours sont ceux que nous souhaitions passer à l’océan à la fin du voyage. Ils restent également des possibilités de pauses techniques. Néanmoins, bien que nous en parlions, d’une journée de break pour repartir en pleine forme, nous ne savons pas nous y résoudre. Marcher est devenu une drogue et nous imaginons mal nous en passer. Et puis nous espérons d’autres soirées avec nos amis, un peu plus loin sur le chemin.
Nous abandonnons définitivement les compeed pour les pieds d’Allan. Au rythme que nous avions, il nous aurait fallu très rapidement revendre la maison pour continuer de s’en procurer, d’autant plus qu’ils s’arrachaient chaque jour, emportant des morceaux de peau, et entretenant les cloques dans un état stationnaire depuis 10 jours. Georges et Corinne se sont occupés des pieds d’Allan ce matin avant le départ. La solution semble avoir très bien fonctionné et nous allons l’adopter : compresse stérile avec éosine et sparadrap. Et on espère pouvoir vous envoyer très prochainement une photo des pieds d’Allan sans vous faire tirer au cœur.
Demain nous devons nous lancer dans la grande aventure des Mesetas. Chacun y va de son avis. Nous nous ferons le nôtre. Ce qui est sûr, c’est que nous le sentiment d’achever une partie du chemin. Selon nos prévisions nous pourrions mettre sept jours pour rejoindre Leon et ainsi gagner à nouveau un jour, que nous passerions peut-être à Leon qui, dans mon souvenir, est une très jolie ville, bien moins sophistiquée que Burgos.
Durant la traversée des Mesetas il est possible que nous ayons du mal à trouver du wifi.
Buen camino à todos !
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…. »10 jours de marche n’est encore qu’une promenade. Longue, pénible, inhabituelle, certes, mais 10 jours correspondent à une séquence de vacances. Au-delà on entre dans un espace tout à fait nouveau. L’enchaînement des jours, la constance de l’effort, l’accumulation de la fatigue font du chemin une expérience incomparable. à Burgos, au moment de franchir cette limite de 10 jours, je me sentis pris d’un vertige. La tentation de tout arrêter était forte. Après tout, j’en avais assez vu: il me semblait avoir compris ce qu’était le pèlerinage. Le prolonger ne me servirait de rien, sinon à accumuler des jours et des jours identiques. La pensée tentatrice me venait de tout ce que je pourrais faire d’autre, pour occuper ce temps libre. Mes pieds n’étaient pas encore cicatrisés : ils pouvaient servir de prétexte à un retour anticipé. J’avais toujours la possibilité de revenir une autre année pour effectuer, mieux préparé, les tronçons ultérieurs du chemin et boucler ainsi en trois ou quatre ans le parcours entier. Je pris une chambre minuscule dans une pension au coeur de Burgos, histoire de disposer d’une douche et d’un lit. Dans la ruelle, en bas, la foule du dimanche riait et criait jusqu’à ce qu’une averse chasse tout le monde. Je somnolais en caressant la pensée consolatrice de mon retour. Dès le lendemain, j’irais me renseigner sur les trains pour la France. Je me voyais déjà bien installé dans un wagon filant vers la frontière. Je m’assoupis.
Mais le Chemin est plus fort que ces démons tentateurs. Il est habile, il est retors: il les laisse s’exprimer, se dévoiler, croire à leur triomphe et puis, d’un coup, il éveille le dormeur qui se dresse en sueurs dans son lit. Telle la statue du Commandeur, le Chemin est là, qui pointe sur vous un doigt accusateur. « comment? tu vas te dérober, connaître la honte du retour prématuré! La vérité est que tu es un lâche. Tu as peur. Et sais-tu de quoi? De toi-même. Tu es ton pire ennemi, celui qui fait obstacle à l’effort, depuis toujours. Tu n’as pas confiance en toi. Et moi, Saint-Jaques, je te donne une occasion unique de te délivrer de ces entraves, de t’affronter toi-même et de te vaincre. »
Alors, on va jusqu’à la salle de bain, on asperge son visage d’eau fraîche et, une fois de plus, on se soumet à la volonté du Chemin…. »
extrait du journal d’un marcheur : (Immortelles randonnées. Compostelle malgré moi de Jean Christophe Rufin)
Allan avec ses pieds en vrille fait preuve d’un courage qui l’honore. A la fin du 11° jour vous ne vous posez pas les questions de Mr Rufin. BRAVO, keep going !
message de maman qui vient juste de rentrer de Touraine après un mois d’absence et qui découvre avec émerveillement votre blog :
« je suis en admiration devant le courage d’Allan, il me tarde de voir ses pieds. Malgré les petits signes de fatigue qui se lisent sur vos visages vous êtes toujours aussi mignons « les barbus » »
Bises de maman
Très belle lecture que ce paragraphe de Rufin, merci Christian de nous l’avoir transmis.
Mais lui, il est seul. Vous à deux vous partagez, vous échangez, vous faites à deux le choix de continuer une étape, ou de l’écourter, c’est une force indéniable qui multiplie votre potentiel.
Les prochaines étapes vont être déterminantes, mais vous n’engagez que le plaisir d’accomplir ce projet, ce cheminement, cette quête de vous dépasser. Tout est possible pour vous deux, traverser ce sacré désert vers Léon, ou accepter d’être parfois fragilisés, et de modifier quelque peu les moyens à utiliser pour atteindre votre but final.
Vous êtes forts les amoureux et devant l’océan, vous serez grands.
Merci mamounette. Ne t’inquiète pas, tout va pour le mieux et la meseta pour l’instant s’avère moins violente que ce qu’on a pu entendre ces quelques derniers jours. Effectivement, être deux, c’est être plus fort. Nous avons l’habitude avec Sam de nous soutenir et de nous… renforcer l’un l’autre, il en est de même sur le chemin. Nous ne risquons rien, finalement. Bisous à tous les trois qui nous manquez beaucoup et à qui nous pensons très souvent.
Après 3 jours sans internet, je rattrape ma lecture, et ça fait du bien de vous lire. De retour à Paris depuis ce matin, le décalage horaire m’empêche de dormir alors jessaie de continuer de voyager dans vos mots et vos photos. Prenez soin de vous. je pense à vous très fort.
Merci notre princesse pour ton message… J’espère que le retour à la réalité et chez Laure se passe pour le mieux. On t’embrasse très fort et te gardons dans nos poches. Bon retour et bonne rentrée. Nous t’aimons.