Ville de départ : Castrojeriz
Ville d’arrivée : Fromista
Distance parcourue : 25 km
Durée totale : 5 heures

Distance totale : 359,5 km

Tous les villages que nous traversons sont déserts. Du moins le sont-ils jusqu’à 20 heures. Avant que le clocher ne sonne les huit coups, il n’y a qu’une seule animation : le passage de la boulangère. Dans chaque village, la cérémonie est la même. La camionnette de la boulangère s’enfonce à toute allure dans les ruelles en klaxonnant à tue-tête sans discontinuer. Alors comme par enchantement, des maisons désertées sortent toutes les femmes, porte-monnaie en main, qui se rassemblent en quelques points stratégiques du village. Le temps que la camionnette, que l’on entend de très loin, arrive, elles échangent très fort, rient, s’engueulent. Ça crie et ça couvre presque le hurlement assourdissant de la camionnette de la boulangère.

Lorsque la boulangère arrive au niveau du groupement de femme, elle pile et arrête subitement de klaxonner, ce qui ne manque pas de laisser le village dans un espace-son informel. A nos acouphènes vient alors s’ajouter le tohu bohu des femmes qui réclament tel ou tel pain. Ce matin, Allan a pris la photo de cette scène surréelle, qu’on aurait crue une imitation d’une scène dramatique de Wall Street en plein crack.

Lorsque chacune est servie, tout aussi furtivement que pour leur arrivée, les femmes disparaissent toutes, se faufilant dans les ruelles comme des fourmis. Ne reste plus que la boulangère qui démarre en trombe en faisant hurler son bolide, klaxon enfoncé, jusqu’au prochain village, laissant derrière elle un nuage de poussière blanche. Le village retrouve à ce moment-là la torpeur de laquelle il n’émergera qu’une fois les huit coups sonnés.

La journée nous a offert de très beaux paysages, surprenants, un lever de soleil des plus beaux et des couleurs à ne plus savoir quoi en dire. La chaleur est arrivée sur les derniers kilomètres mais nous étions alors en train de longer le canal de Castille à l’ombre de peupliers.

La fatigue est forte tout de même. Ma sieste a  été compromise par un va et vient incessant d’italiens et d’espagnols tous plus bruyants les uns que les autres. Allan, lui, n’a pas dormi. A l’heure où j’écris j’ai bien peur d’être à mon tour pris pour cible de nos charmantes bestioles. Allan se concentre pour ne pas se gratter. Nous espérons secrètement une erreur de diagnostic car les chinchas pourraient littéralement nous mettre dans l’embarras. Il semblerait qu’il faille des antibiotiques à moins que ce ne soit une rumeur… Tout cela n’est pas sans entamer notre sommeil.

Ce que nous traversons, nous le faisons dans une parfaite communion, avec beaucoup de tendresse et de complicité. Mais tout cela n’aurait pas le même goût sans vos messages qui nous touchent énormément et que nous attendons chaque jour avec impatience. Après la douche, c’est notre petit plaisir de fin d’étape.

Demain débute visiblement la partie la plus difficile des Mesetas. Nous avons donc rendez-vous au restaurant ce soir pour saluer une dernière fois nos amies qui prendront le bus demain en direction de Léon. Nous ne serons plus qu’avec Georges qui poursuivra à pieds le chemin avec nous, nous apaisant de sa bienveillance et de sa sagesse.

En cherchant comment finir ce message une chinchas vient de sauter sur le clavier de l’ordinateur. Le verdict est donc irrémédiable, je suis contaminé également… Il va nous falloir cacher nos boutons au risque de nous faire mettre à la porte des auberges pour lesquelles les chinchas sont un fléau qui les force à une fermeture sanitaire immédiate. Je ne vous cache pas que cette découverte n’est pas sans atteindre le moral.

Besos y hasta manana !

5 Commentaires

Les commentaires sont fermés.

  1. papa 10 ans Il y a

    maman (Annie):
    cette courte vidéo c’est comme du miel , on en redemande, j’adore l’humour du « sac à puces » , tous les commentaires nous ont bien fait rire. Mais plus sérieusement on est un peu en soucis avec ces piqûres de puces, n’avez vous pas l’occasion de voir un pharmacien, ou un docteur s’il faut des antibiotiques ?
    je vous embrasse très fort mes doudous.
    papa(Christian):
    Très belles photos du matin, éclairage idéal. On va pouvoir faire un superbe diaporama, appuyé de vos commentaires et vidéos. Je reviens sur ma critique de la photo d’approche de Castroreriz avec les 3 fausses pèlerines en train de photographier, c’est hors sujet car elles ont un tout petit sac à dos et elles sont chaussées de tongs et du coup, sorti du contexte c’est une photo originale. Moi aussi je suis inquiet pour votre santé, et, un peu égoïstement je serais triste que votre aventure s’arrête prématurément. La boulangère qui klaxonne à tout va , j’ai connu ça dans mon enfance.
    Bises vous deux

  2. papa 10 ans Il y a

    Allan je suppose que les photos sont compressées, l’original est il en format raw ? . Avez vous prévu de stocker votre travail sur un autre support (clé usb…) ?
    Bonne soirée, bon repos, bon courage pour demain, je lis : »seule difficulté de cette courte étape (21kms), une marche monotone sur un chemin parfois bordé d’une route parcourant ce long plateau aride. Seul ou en petit groupe, le pèlerin va à l’essentiel, le chemin intérieur. Carrion de los Condes était une ville florissante à l’époque médiévale … »
    Vous êtes forts, prenez soin de vous, on vous aime.

    • Auteur
      samallan 10 ans Il y a

      Bonsoir Christian !! Non, pour les photos je ne garde pas l’original ni ne conserve le .raw sauf pour quelques unes qui comptent plus que d’autres. Il y en a deux pour l’instant. Question de place, mais je ne les compresse pas pour autant, je les réduit juste de 5000 pixels de large à 1500. Nous stockons par contre de courtes vidéos chaque jour et espérons pouvoir en faire un petit film au final. L’étape était courte effectivement, mais nous n’avons relevé aucun (et je dis bien aucun) virage. Monotone, lente, mais enrichissante… Bisous besos à tous les deux. Merci pour les allers retours sur Bordeaux à très bientôt.

  3. papa 10 ans Il y a

    Demain jeudi je vais seul à Bordeaux pour finir l’électricité dans la véranda, je dormirai là-bas et continuerai vendredi. vendredi midi je mange chez Marie-neige. Maman y sera aussi avec Martine et Philippe et Fanny, c’est l’anniversaire de tes cousines.
    Je ne pourrai donc pas voir votre blog demain soir jeudi. Ta mère ne sait pas et ne veut pas se servir du PC.

  4. Marylène 10 ans Il y a

    Holà compagneros Y chinchas!!
    Bon les gars ne vous laissez pas démoraliser par ces petites bêtes!
    Elles ne sont là que pour tester vos ressources intérieures.
    Le chemin commence à creuser les cernes de votre endurance et puise dans les abysses de l’émotionnel….petit à petit les couches s’enlèvent et la lumière se fait sur les structures psychiques les plus sensibles.

    Vous vous posez des questions et c’est bien légitime. On vous attaque. Alors vous devez vous défendre.
    Il y a des solutions à trouver. …..
    Voyons. ….
    Badigeon d’huile essentielle de lavande. Efficace en cas de piqûre et d’inflammation et démangeaisons cutanées
    Sinon le plus terrible mais le plus efficace compresses de vinaigre d’alcool à renouveler aussi souvent que nécessaire.
    Aussi…pensez à avaler des aliments amer. Ça rend le sang amer et ça les insectes n’aiment pas du tout. Évitez le sucre ça affaiblit le système immunitaire et vous serez moins forts pour lutter contre l’infection.

    Bon mes petits gars….
    Le vide, le manque ou la monotonie ne sont qu’affaires de point de vue.
    Le pèlerin est avant tout un Être en marche. Quel que soit le décor.
    C’est par l’absence que la Totalité nous est révélée…à bon entendeur et bon pèlerin…. je vous embrasse et compte sur vous.
    Besos suaves y hasta pronto! !!!

© 2020 www.samallan.fr, tous droits réservés sur les photos présentes sur ce site.

Envoyez-nous un message !

Laissez-nous un message, nous vous répondrons à la prochaine connexion !

En cours d’envoi

Vous connecter avec vos identifiants

Vous avez oublié vos informations ?